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à améliorer leurs forêts. La forme la meilleure de l’encouragement est la réforme de l’impôt. » Cet éminent forestier montrait aussi, dans son savant travail, que le reboisement de terrains à 250 francs l’hectare est largement rémunérateur.

Tout le monde est d’accord. Il ne reste plus qu’à passer à l’exécution.

La proposition de loi « tendant à favoriser le reboisement et la conservation des forêts privées, » votée le 12 mars 1909 par la Chambre des députés, est le point de départ d’une politique forestière ayant pour but l’orientation des capitaux vers le reboisement. Elle prévoit pour divers propriétaires impérissables, Associations, Caisses d’épargne (ayant une fortune personnelle), mutualités et syndicats, l’autorisation d’acquérir des bois et des terrains à reboiser : elle accorde à tous les propriétaires la faculté de faire gérer leurs bois par le service forestier de l’Etat, sans imposer aucune dépense à l’Etat, ni aucune obligation à qui que ce soit.

Les autres mesures énumérées ont pour but de seconder l’application de cette loi libérale ; elles ont toutes la plus haute importance, car il ne s’agit de rien moins que de faire ajouter en un demi-siècle, par le reboisement, vingt milliards à la richesse générale de la France en orientant dans un délai de vingt ans le dixième seulement de cette somme vers divers modes de placemens forestiers.

Ce chiffre n’a rien d’effrayant, quand on connaît les inépuisables ressources de l’épargne française qui, au témoignage de M. Leroy-Beaulieu, crée annuellement deux milliards de capitaux.

Les placemens forestiers pourront d’ailleurs affecter deux formes distinctes : placement à revenu immédiat pour l’achat de forêts existantes et leur amélioration ; placement à revenu différé pour le reboisement des terres incultes, qui devrait s’étendre à 4 millions d’hectares pour relever l’aire forestière de 17 p. 100 au taux minimum de 25 p. 100 et rétablir l’équilibre entre les importations et les exportations de bois. Il est indispensable de faciliter au plus vite l’un et l’autre de ces deux modes de placement, car le fer, le feu et la dent du bétail aggravent chaque jour la ruine des forêts.

La superficie boisée de la France, qui comprenait encore