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l’objet était de rouvrir des démarches auprès des principales puissances afin de faire prévaloir, dans leurs législations respectives, les principes libéraux déjà sanctionnés dans notre Gode civil italien. Mais le désir de notre auguste souverain est que, profitant de son voyage à l’étranger, Votre Excellence assume, en outre, une mission spéciale et confidentielle auprès du gouvernement de Sa Majesté l’Empereur d’Allemagne.

Le gouvernement allemand, ces temps derniers, a sondé le gouvernement italien touchant la possibilité de l’établissement d’une union plus intime entre les deux Etats, et le ministre des Affaires étrangères d’Italie n’a pas hésité à exprimer son adhésion au projet d’une union de commune défense. Aujourd’hui, S. M., pleinement d’accord avec le soussigné, éprouve le besoin de resserrer d’un lien plus étroit les rapports amicaux de l’Italie avec l’Allemagne, et désire que Votre Excellence fasse connaître à S. A. le prince de Bismarck combien il serait à propos d’en arriver à un accord concret et complet au moyen d’un traité d’alliance qui, appuyé sur les intérêts communs des deux Etats, pourvût à toutes les éventualités…

Votre Excellence connaît pleinement les principes qui dirigent la politique italienne, et il serait superflu de les lui rappeler. L’Allemagne et l’Italie n’ont pas d’intérêts contraires, et les deux nations doivent être également résolues à défendre l’édifice de leur unité nationale ainsi que leurs libertés politiques et civiles. Pour l’Italie, l’objet principal est celui de mettre à l’abri de toute agression ennemie les biens inestimables que nous avons acquis, et les principes sur lesquels est fondée son existence.

Que Votre Excellence s’efforce d’exprimer et d’expliquer, tout confidentiellement, à S. A. le prince de Bismarck les désirs de S. M. ainsi que de son gouvernement, et de lui attester en même temps notre reconnaissance pour la bienveillance qu’il a toujours témoignée à l’égard de l’Italie.

Que Votre Excellence veuille recevoir l’expression de ma haute estime, et me croire toujours son très dévoué.

A. DEPRETIS.