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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 6.djvu/937

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tons trois d’après Lawrence, ses fameux Hasards heureux de l’escarpolette, d’après Fragonard, et de son frère Robert, les Touchans adieux, d’après Moreau le Jeune ; de Moreau le Jeune et Simonet, d’après Baudouin, ce Coucher de la mariée que Diderot attaqua dans une de ses plus mordantes diatribes, Au moins soyez discret, Comptez sur mes sermens, du même ; l’Amour frivole, d’après Boucher ; le Jour, la Nuit, d’après Eisen ; le Lever, le Boudoir, la Visite inattendue, le Souper fin, le Coucher, le Vrai bonheur, et tant d’autres petites merveilles, qui nous retracent avec un goût parfait la vie galante, les costumes, les appartemens, les bibelots et les meubles d’une aristocratie raffinée, nous font pénétrer dans l’intimité de ces jolies femmes pudiquement provocantes, ou nonchalamment étendues, avec des poses gracieuses et révélatrices, dans leur abandon plein de promesses : compositions exquises dont les hardiesses spirituellement atténuées et les nudités correctes et gracieuses ou modérément voilées n’ont jamais blessé personne. Quant à l’exécution, elle répond à la fois aux progrès actuels de l’art des fac-similé, où l’estampe s’est rajeunie en retrouvant, aux rayons du soleil, une vigueur et un éclat nouveaux, et aux exigences des amateurs, qui veulent être exactement renseignés, comme des nombreux collectionneurs qui décorent leurs murs ou remplissent leurs cartons de ces images charmantes entre toutes.

Toutes ces planches, d’une technique irréprochable, sont accompagnées d’un avant-propos historique, de copieux index et d’un catalogue raisonné, avec le détail de leurs différens états, des pièces reproduites, la description des estampes, les indications de dates, tirages originaux, l’indication des collections qui les renferment. Ce texte, véritable document d’érudition, a été revu avec le plus grand soin par M. Seymour de Ricci.

Il y avait bien longtemps déjà qu’en France l’Estampe, le portrait et la gravure étaient parvenus à la perfection quand, vers le milieu du XVIIIe siècle, la vieille Angleterre, demeurée si longtemps en arrière pour la culture des arts, allait, sous George III, secouer sa torpeur grâce à l’influence des Joshua Reynolds, des Lawrence, des Romney, des Hoppner et d’une foule d’élèves, qui, suivant l’exemple des maîtres, tendront vers le même idéal de beauté saine et de grâce. C’est alors qu’à côté du grand art et du portrait à l’huile largement traité prendra place l’art moins grandiose, mais très pur et très charmant du pastel qui, autant et mieux que les gazettes et les pamphlets, synthétise une périodique unique de la vie de société et fait com-