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oiseaux de senteur, » des plumes et roses de diamans, un grillon volant en or, un luth d’or, une pomme de senteur d’or, des heures d’or, des enseignes, des reliquaires, des étuis, des papillons, des croix, des custodes, des flacons, des poires, des tourelles à senteur toujours en or, des chapelets en or en masse, un chardon d’or (peut-être le fameux artichaut qui ornait à Loches la croupe du cheval de César), des écharpes de fil d’or, des chiffres en or, une épinette.

L’Inventaire contient encore l’énumération de tous les papiers très nombreux de la duchesse : son contrat de mariage, ses titres de propriétés, les reçus de ses divers créanciers ou débiteurs, tous papiers contenus dans des coffres, des armoires, des sacs de toile ou de cuir rouge ou blanc. Vient ensuite un chapitre consacré à une foule de vêtemens : robes et cottes d’étoffes précieuses tissées d’or, puis des housses de selle, des pièces de velours, de satin de toute couleur, de drap d’or frisé, de damas, de taffetas de toute couleur aussi, des couvertures, des coussins en nombre infini, des draps ou « lincieulx » de toile de Troyes et de Hollande, des oreillers fins, quatre-vingt-huit tapisseries de Felletin et de Normandie, d’innombrables autres tapisseries de haute et basse lisse et tentures de fils d’or, de soie et de satin cramoisi, réunies presque toutes dans une pièce close, scellée et fermée, d’autres encore « représentant le Vieux Testament et le Nouveau, » des tapis sans nombre, beaucoup de « ciels de lits » et de rideaux d’une extrême richesse, des courtepointes de damas d’or broché « fait à roses, » doublé de taffetas cramoisi, des dosselets ou coussins de velours également cramoisi, borlé de drap d’or, frangé de fil d’or et de soie violette, avec pendans de velours cramoisi et de drap d’or, une foule de tentures de satin broché d’or, des pendans de satin broché à grandes et petites roses d’or, à franges de fil d’or et de soie, encore d’autres pièces de satin, des tapis de Turquie. Tous ces objets magnifiques avaient été, je l’ai dit, enfermés dans des coffres par ordre de Charlotte, à la mort de son mari, au moment où elle prit ce grand deuil qu’elle ne devait plus quitter.

L’Inventaire énumère ensuite d’innombrables fourrures, des peaux d’hermine, de zibeline, soixante-quatre peaux de martre dans un coffre, mille autres objets d’usage rare ou curieux, un coffre en bois « auquel l’on a accoutumé mettre le pain de l’au-