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Chambière sur la Moselle, entendant la violente canonnade, laisse vivement ses sacs à terre le long de la route, remonte au pas gymnastique, accompagnée par son artillerie, sur le plateau à Mey : elle vole au secours de la division Grenier, que les Allemands avaient déjà poussée très vivement et délogée des bois en avant de Mey.

La division de Cissey, appuyée par sa droite à la division Grenier, s’empare à nouveau du village de Mey, puis des bois avoisinans. Attaqué avec une extrême vigueur, l’ennemi, refoulé, se replie en désordre en éprouvant de très grosses pertes.

La nuit arrive, les Allemands tentent un violent retour offensif, mais ils sont à nouveau repousses et se retirent définitivement.

Nous bivouaquons sur les positions conquises.

Cette première rencontre avec nos adversaires, dénommée bataille de Bovny, nous indiquait déjà ce que nous pouvions espérer de nos belles troupes !

Les pertes de la division, dans cette affaire, furent : Officiers : 2 tués, 4 blessés. — Troupe : 11 tués, 81 blessés, 11 disparus.

Les heureux résultats obtenus dans cette journée, par le 4e corps, peuvent être attribués sans conteste à l’initiative du général de Ladmirault, admirablement secondée par l’intrépidité de la division de Cissey, qui courut avec vivacité et entrain au secours de la division Grenier. Les Allemands, bien renseignés, avaient espéré culbuter les forces françaises laissées sur la rive droite, pendant que leurs principales masses, par un mouvement de grande envergure, traversaient la Moselle en aval de Metz, afin de nous couper de la ligne de Verdun. Le général Jarras, chef de l’état-major de l’armée, avait cependant été avisé, dès le 13 août, qu’une avant-garde de cavalerie prussienne avait passé la Moselle au pont d’Ars, qu’il eût été si facile de faire sauter le 13 au soir. Il ne tint pas compte de ce précieux l’enseignement, restant par surcroît sans liaison avec son général en chef, qui, déjà, ne se souciait guère de l’avoir auprès de lui. On perdit une occasion superbe d’infliger un sanglant désastre à l’adversaire, qu’on prenait en pleine exécution d’une manœuvre trop audacieuse.

La direction générale de l’armée de Metz se manifesta, dès ce début de baute lutte, très incertaine et flottante.

Rien d’heureux ne résulta pour nous du brillant combat de