Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 10.djvu/538

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La prise du bivouac réalisée au cours des premières heures de la nuit, la 1re division, qui n’avait de toute la journée du 16 absolument rien mangé, s’alimenta comme elle le put autour des feux allumés, puis elle prit un peu du repos dont elle avait si grand besoin. Chacun était persuadé que la lutte reprendrait certainement acharnée dès le 17 au matin ; on s’était endormi avec cette pensée enthousiaste et réconfortante !

Hélas ! vers une heure du matin, l’ordre nous arrivait de nous replier vers Metz, et la 1re division, groupée a 3 heures du matin, après de grandes difficultés dans la marche à cause de l’obscurité, se trouvait, autour de la ferme de Butricourt, prête à se remettre en marche.

Nos pertes dans la division, à la fin de cette glorieuse journée du 16, étaient : Officiers : 20 tués, 58 blessés. — Troupe : 179 tués, 692 blessés, 97 disparus.

Le 16 août, les 2e et 6e corps d’armée, avec la Garde, avaient tenu, depuis le matin, la gauche et le centre de notre ordre de bataille général. Le 3e corps était venu les renforcer vers 3 heures du soir. Le 4e corps, à la droite, avait tout d’abord occupé Bruville et Saint-Marcel avec la division Grenier ; il avait rejeté les forces ennemies dans la direction de Vionville. La division de Cissey, entrée en action vers 5 heures et demie du soir, avait immédiatement réalisé son hardi et vigoureux mouvement offensif sur Mars-la-Tour, après avoir relevé en première ligne la division Grenier. A l’extrême droite, une masse importante de notre cavalerie avait chargé la cavalerie ennemie non sans succès, mais avait éprouvé des pertes sérieuses. Les Allemands avaient produit, vers 5 heures du soir, un retour offensif général sur leur ligne de combat ; ils avaient échoué et avaient été partout repousses.

Cette bataille du 16 août, qui n’avait cessé qu’entre 8 et 9 heures du soir, était dans son ensemble un succès réel pour l’armée française. Elle aurait produit les plus grands résultats, si nos masses, amenées méthodiquement sur le terrain de la lutte, avaient été dirigées avec suite et habileté, si nous avions répondu à la hardiesse imprudente de l’adversaire qui n’était pas en nombre, en prenant toujours et toujours l’offensive, qui est dans notre tempérament, et qui aurait été des plus fécondes avec nos admirables soldats.

Le destin, hélas ! était contre nous.