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l’ennemi de front, en cherchant à le tourner par sa gauche. On ne se bornera pas à le canonner, mais nous le forcerons à mesurer son infanterie avec la nôtre ! Celle nouvelle, vite répandue dans les corps de troupe, rend nos soldats tout heureux, à la pensée de n’être pas tenus immobiles sous le feu des canons allemands, mais de pouvoir rendre coups pour coups, et de se servir énergiquement de leurs baïonnettes.

La division Aymard, du 3e corps, à notre droite immédiate se précipitera sur Servigny ; nous soutiendrons cette attaque, et le mouvement d’offensive générale sera appuyé par trois pièces de gros calibre de 24 et une batterie de 12 établies à 800 mètres en avant du fort Saint-Julien.

L’attaque, par les autres élémens du 3e corps, sera subordonnée aux progrès du mouvement du 2e corps, agissant à l’extrême droite de notre front de bataille. Le 2e corps, qui va menacer l’extrême gauche ennemie, doit encore l’empêcher de fournir une résistance à outrance, dans les villages qu’il occupe et dans les retranchemens qu’il a construits.

Mais tous ces mouvemens ordonnés sont retardés par des causes restées inconnues ; la division Aymard n’entre en action qu’après 4 heures du soir !

Pendant qu’on perd ainsi un temps précieux, l’ennemi riposte violemment aux feux de nos grosses pièces d’artillerie en position fixe : le tir de l’adversaire est sans grande efficacité, grâce à la précaution prise de tenir les troupes d’infanterie très déployées et en arrière des crêtes.

La division de Cissey, appuyant l’attaque commencée par la division Aymard, se porte en avant en lignes échelonnées ; notre artillerie divisionnaire, réduite à 4 pièces par batterie, inaugure une nouvelle manière de combattre. Elle se porte rapidement derrière les crêtes successives, ôte les avant-trains hors de la vue de l’ennemi, met en batterie à bras d’hommes, tire rapidement plusieurs salves efficaces, remet les avant-trains, puis change de position par un mouvement de flanc au galop. L’ennemi couvre immédiatement d’obus le terrain que viennent de quitter nos batteries, et comme il n’y a plus personne, ce sont des munitions consommées en pure perte ! Par cette manière de faire, notre artillerie supplée à son infériorité numérique !

Le 20e bataillon de chasseurs à pied, attaché à notre