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blessé, demanda alors très instamment qu’on le gardât pendant la nuit à Moulins-lès-Metz. Il y fut donc retenu, gardé à vue bien entendu, car la confiance qu’il nous inspirait était vraiment des plus médiocres.

24 septembre. — L’étrange diplomate retourne donc de grand matin au quartier général du prince Frédéric-Charles à Frascaty.

Il revient, le soir même de ce jour, mais cette fois, et contrairement aux usages habituels, il est introduit dans nos lignes par un officier de l’état-major général de l’armée, envoyé à l’avance à Moulins-lès-Metz pour le recevoir et l’amener directement au maréchal Bazaine.

25 septembre. — Le matin, à la pointe du jour, M. Régnier retournait au quartier général prussien, emmenant avec lui le général Bourbaki habillé en civil, ainsi que des médecins luxembourgeois en séjour à Metz appartenant à une ambulance internationale, qui avaient demandé à sortir de la place.

27 septembre. — A 9 heures du matin, la canonnade se fait entendre du côté du fort de Queuleu ; elle correspondait à une pointe tentée sur Peltre et Mercy-lès-Metz, action offensive que nous devions soutenir au besoin.

Le général Lapasset, du 2e corps, réalisa à cette occasion un brillant coup de main, faisant à l’ennemi plus de 200 prisonniers et enlevant des approvisionnemens assez considérables.

Nos hommes avaient enlevé avec un entrain remarquable dans ce combat tous les retranchemens de l’ennemi ; les wagons blindés qui avaient porté une partie des troupes assaillantes jusque sur le théâtre du combat, avaient servi ensuite pour ramener les prises faites aux Allemands.

Toute l’armée eut grande joie quand elle apprit ce succès dû à la hardiesse et à la vivacité de nos soldats habilement dirigés ?

28 septembre. — La ration des chevaux est de nouveau réduite de 500 grammes et composée en grande partie de tourteaux. Les pauvres animaux font pitié, tant ils sont maigres et décharnés ; on en voit constamment qui tombent d’inanition sur les routes ! Aussi, le petit nombre qui reste vivant n’est-il guère propre à faire un service et encore moins bon pour la boucherie !

30 septembre. — Une mentalité particulière, causée par