perfectionner le gouvernement des États, où, d’une part, les Conseils superposés, hiérarchisés, d’où le Roi devra tirer ses ministres, sont composés par élection et M. Drouet a tout à fait raison de rapprocher ce système de la Constitution de l’an VIII — où, d’autre part, est instituée une Académie politique, protectrice et directrice du pouvoir exécutif, chargée de lui donner des idées et de penser ce qu’il agira, et cela est tout à fait le système du : 1° Pouvoir spirituel, 2° Pouvoir temporel, d’Auguste Comte. Personne, en théories politiques, ne ressemble plus à Saint-Simon (Saint-Simon le saint-simonien) que l’abbé de Saint-Pierre. Il avait, à la fois confusément et minutieusement, beaucoup d’avenir dans l’Esprit.
Son projet de paix perpétuelle n’est pas autre chose qu’à la fois l’arbitrage européen et les Etats-Unis d’Europe. Or l’arbitrage européen est une chose à quoi l’on ne parviendra jamais, je crois, parce qu’on ne saura jamais où trouver la sanction de l’arbitrage, c’est-à-dire la force qui l’imposera si on le conteste ; mais une chose cependant à quoi il faut toujours viser et dont l’idée seule, la considération seule est déjà bienfaisante, étant salutaire que ce qui devrait être soit l’entretien le plus fréquent de l’esprit : cela donne un pli.
M. Drouet a raison, partiellement, de rapprocher le rêve de l’abbé de Saint-Pierre d’une rêverie de Napoléon à Sainte-Hélène : « La paix dans Moscou, disait-il à Las Cases le 24 décembre 1810, accomplissait et terminait mes expéditions de guerre… Un nouvel horizon allait se dérouler ; le système européen allait se trouver fondé ; il n’était plus question que de l’organiser. Tranquille partout, j’aurais eu mon « congrès » et ma « sainte alliance. » Ce sont des idées que l’on m’a volées. Dans cette réunion de tous les souverains, nous eussions traité de nos intérêts en famille et compté de clerc à maître avec tous les peuples… L’Europe n’eût bientôt fait qu’un même peuple, et chacun, en voyageant partout, se fût trouvé toujours dans sa patrie commune… Un code européen, une cour de cassation européenne… Mon cher, voilà encore de mes rêves. » — Il est vrai, c’est bien là la grande pensée napoléonienne et c’est un peu celle de l’abbé de Saint-Pierre. L’Europe désormais est trop petite pour contenir vingt peuples vivant relativement les uns aux autres en état naturel ; il faut qu’ils vivent en état social ; il faut qu’ils nient un gouvernement général commun, des lois