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PETITE GARNISON MAROCAINE


En route pour Dar-Chafaï. — Le village et la kasbah. — La question des Tadla. — Les militaires en garnison et l’ascétisme africain. — Une école pratique d’arts et métiers. — Marsouins et goumiers ; campagne de guerre et cartouches à blanc. — Au village : le mellah, le douar de Cythére, les pionniers de la civilisation. — Les vendredis de Dar-Chafaï : le marché et la « chkaya. » — Les deux écoles. — Les préparatifs de la « colonne » de Marrakech. — Les échos de la révolte de Fez. — Dans l’espoir de jours meilleurs.


De mémoire de Marocain, jamais autant de Roumîs n’ont parcouru, comme pendant ces dernières semaines, la piste qui conduit de Casablanca à Marrakech. Spéculateurs et fournisseurs se hâtent vers la capitale du Sud, où l’arrivée toujours imminente et toujours différée des troupes françaises va faire affluer les douros et les bonnes occasions. Mais le touriste qui, dédaignant les sentiers battus, les abandonne à Settat pour longer les territoires des Srahrna, s’applaudit bientôt de sa décision que ne manquent pas de blâmer les vieux routiers du bled. Dès la seconde étape, s’il aime les ruines pittoresques et les récits imagés, il peut s’arrêter à Dar-Chafaï. Une boîte d’aquarelle complète, un stylographe bien garni, une mémoire fidèle, lui permettront de noter des impressions dont le souvenir de Rabat, de Fez et de Meknès ne parvient pas à diminuer la vivacité.


A quelques kilomètres de Guicer, au-delà du col d’accès facile qui limite au Sud la Chaouïa, les plateaux ondulés des Beni-Meskine abaissent doucement leurs terrasses caillouteuses vers le sillon de l’Oum-es-Rbia. Quelques maigres champs d’orge et de blé sèment des taches vertes ou jaunes dans la teinte pâle de l’herbe desséchée, que le soleil levant fait briller comme un