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installât, à titre d’auxiliaires, dans les paroisses où existait déjà un curé reconnu par l’Etat, des prêtres qui auraient satisfait aux conditions d’examen prescrites par les lois de Mai, ou bien qu’il obtint, en vertu de l’article 2, la dispense de ces conditions ; et Bismarck, d’ailleurs, serait libre, s’il le voulait, de retirer cette tolérance, comme il serait libre de n’en jamais user.

En 1882 comme en 1880, Bismarck réclamait du Landtaq des pouvoirs discrétionnaires. Il avait affaire à une Chambre dont la majorité était lasse du Culturkampf, mais il persistait à vouloir qu’elle lui laissât toutes facultés pour atténuer certaines détresses, ou pour les faire durer, et à ne vouloir rien de plus. Pourquoi cet arbitraire ? demandaient, mus par des sentimens divers, les hommes politiques du Centre et ceux du parti national libéral. C’est la faute aux Polonais, répondait-on ; le ministre Gossler montrait du doigt cette terre de Posen sur laquelle l’Allemand, aujourd’hui encore, ne se sent pas le pied sur, et sur laquelle Bismarck voulait garder le droit de faire appliquer les lois de Mai, dans toute leur rigueur. C’est la faute aux Polonais : avec ce belliqueux mot d’excuse, Bismarck s’était, dix ans plus tôt, engagé dans le Culturkampf ; avec ce même mot, il s’y empêtrait. Mais Windthorst le releva, déclara que les catholiques n’abandonneraient pas les Polonais, et que le Centre voulait le rétablissement de la paix, et non point l’établissement de l’arbitraire ; et puis, lorsque Virchow eut redit, une fois de plus, que le Pape n’était qu’un souverain étranger, et que l’avenir appartenait, non aux Eglises, mais à des communautés libres, lorsque le progressiste Richter eut accusé Bismarck de vouloir, pour sa lutte contre le Centre, réduire le clergé catholique au rôle d’otage, lorsque le national-libéral Gneist eut défendu, non sans quelque gêne, les maximes du Culturkampf, et lorsque deux orateurs conservateurs les eurent condamnées, Windthorst se leva encore, et constata que ce qu’il fallait et ce qu’évidemment la Chambre voulait, c’était la révision des lois.

Le projet gouvernemental fut renvoyé à une commission de 21 membres. « Il est tel quel inacceptable pour le Centre, écrivait Auguste Reichenspcrger. Naturellement nous nous efforcerons de le rendre acceptable. Il faut manœuvrer avec une particulière prudence, regarder les autres partis, le gouvernement, et Home, ne faire ni trop ni trop peu ; ce qui est d’autant plus difficile qu’on ne voit pas clair dans ces trois facteurs. Espérons