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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 10.djvu/625

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III. — DENON ET LE MUSÉE NAPOLÉON

L’organisation du Musée central des arts, telle qu’elle avait été réglée par le Directoire, avec une administration plus ou moins collective, avec un conseil appelé en théorie à délibérer sur les questions qui intéressaient l’établissement, cette organisation n’était plus en harmonie avec le régime gouvernemental instauré par la Constitution de l’an VIII, ni surtout avec la centralisation de plus en plus autocratique qui avait accompagné l’établissement du Consulat à vie. A l’automne de l’année 1802, où tant d’événemens de capitale importance s’étaient accumulés, un arrêté consulaire, peut-être dicté et sûrement inspiré par le Premier Consul, modifia profondément le statut administratif du Musée (28 brumaire an XI-19 novembre 1802).

« Il y aura un directeur[1] général du Musée central des arts. Il aura sous sa direction immédiate le Muséum (sic) du Louvre : le Musée des monumens français ; le Musée spécial de l’Ecole française à Versailles ; les galeries du palais du gouvernement ; la Monnaie des médailles ; les ateliers de chalcographie, de gravure sur pierres fines et de mosaïques ; enfin l’acquisition et le transport des objets d’art… Il sera assigné un logement au directeur général. » Toutes les dépenses devaient être ordonnancées par le ministre de l’Intérieur. L’arrêté statuait encore que les membres (sic) du Musée cesseraient leurs fonctions le 1er frimaire, soit dans un délai de trois jours, et que ceux qui n’exerçaient pas d’emplois effectifs dans la nouvelle organisation recevraient, avec le titre d’administrateurs honoraires, une gratification annuelle égale à la moitié de leur traitement pour l’an XI.

Au bout de quelques mois et sans attendre la proclamation de l’Empire, le changement d’organisation intérieure fut doublé d’un changement de nom très significatif. Pour ménager en apparence la modestie du Premier Consul, on affecta d’agir en dehors de lui ; pendant qu’une tournée triomphale et toute monarchique le retenait en Belgique, son collègue Cambacérès vint, le 22 juillet 1803, visiter au Louvre les nouvelles salles

  1. Le mot a été introduit par une correction sur la minute, qui portait d’abord « administrateur. » (AF, IV. plaq. 411.)