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LES QUESTIONS FÉMININES
DANS
L’ANCIENNE ROME

« Transporter dans des siècles reculés toutes les idées du siècle où l’on vit, c’est, des sources de l’erreur, celle qui est la plus féconde. » Cette pensée de Montesquieu est fort vraie, mais elle deviendrait très discutable si, au mot « idées, » on substituait celui de « préoccupations. » Autant il est pernicieux d’appliquer à l’étude d’autrefois nos préjugés d’aujourd’hui, autant il est légitime, dans une certaine mesure et avec les plus prudentes réserves, d’y apporter un peu de nos curiosités. Se demander comment les hommes de jadis ont envisagé ou résolu les problèmes actuels, les interroger loyalement, sans vouloir dicter leur réponse, sans fausser leurs croyances ou leurs mœurs pour donner à ses propres opinions une autorité plus haute, c’est peut-être un des profits les plus précieux, et en tout cas un des plus vifs plaisirs, qu’un historien qui aime à réfléchir puisse trouver dans la connaissance du passé.

C’est dans cet esprit de recherche impartiale, mais non indifférente, que nous voudrions ici examiner comment se posait pour les Romains la question des droits de la femme. Question « contemporaine, » s’il en fut, puisque chaque jour quelque occasion nouvelle, — un livre ou une pièce de théâtre, un fait divers ou une proposition de loi, — remet en lumière le conflit social des deux sexes, et puisque l’on peut déjà prévoir l’heure où les élections législatives se feront sur la plate-forme du