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I

Fraude ou falsification, pour que la pratique déloyale soit constatée, il faut ou que le plaignant lésé apporte l’échantillon suspect, pour l’examen, à un laboratoire agréé, ou que des autorités compétentes procèdent chez qui de droit à des saisies on inspections. M. Cartel, directeur de la station œnologique et agronomique de Dijon, nous apprend que la première descente de ce genre, narrée par Suétone, eut lieu sous l’empereur Claude, dans les établissemens de Rome nommés calda, rappelant exactement nos cafés actuels, car il n’y a rien de nouveau sous le soleil. On y consommait du vin chaud, sans doute épicé, que les « mastroquets » du premier siècle avaient peu à peu remplacé par de l’eau tiède aromatisée. Les consommateurs se plaignirent, mais il est douteux que cet affadissement plus hygiénique qu’honnête ait définitivement cessé pour cela.

Le moyen âge pratiquait beaucoup la réglementation, et des inspecteurs, sinon chimistes, du moins bons dégustateurs et excellens techniciens, examinaient sévèrement les denrées et surtout les boissons offertes au public. Si on épluche avec minutie, sans parti pris, ces antiques statuts, on les trouve pleins de sagesse. Quant aux temps modernes, ils ne le cèdent en rien à la période précédente, car sous la Régence on ne crée pas moins de 200 offices d’inspecteurs des marchés à Paris. À ce sujet, certains historiens superficiels ne manqueront pas de gémir sur cette profusion de places médiocrement utiles. Soit ! mais le fonctionnarisme d’aujourd’hui ?…

Jouissent à l’heure actuelle du droit de prélèvement les commissaires de police, les agens spéciaux tant départementaux que municipaux, les employés assermentés des syndicats, les commissaires spéciaux et enfin les vétérinaires. Ces saisies, d’après la loi en vigueur qui a élargi sensiblement les anciens usages, peuvent s’opérer non seulement aux étalages des magasins, non seulement dans les recoins les plus reculés des arrière-boutiques ou des dépôts, mais, s’il s’agit de vins, dans les chais du propriétaire non négociant, pourvu cependant qu’on s’attaque à des produits destinés à être mis en vente.

En pareil cas, le propriétaire, le négociant, le débitant