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d’aromes ou de couleurs factices. On imite très bien, et sans danger aucun pour la santé publique, le parfum de la fraise ou de la mandarine, et quant aux nuances artificielles, légalement admises, il existe une gamme interminable aussi riche, aussi variée de tons que l’arc-en-ciel, de couleurs d’origine végétale et surtout industrielle[1].

On recommande surtout l’emploi de termes qui ne peuvent tromper personne, grâce à leur impropriété même, comme sucre « d’orge ou de pommes, » comme bonbons « coquelicot, » parce qu’il est avéré que ces ingrédiens ne sauraient contenir orge, ni pomme, ni coquelicot. Enfin, pour ce qui concerne particulièrement les bonbons ou tolère un léger maquillage à la poudre de talc à la dose maxima de un gramme de talc pour un kilo de bonbons.

Ce même talc joue un rôle assez important dans le « lustrage » du café vert. En quoi consiste cette opération curieuse, mais non répréhensible ? Tout d’abord, les grains verts sont agités énergiquement dans un récipient avec de la sciure, ce qui les polit en éliminant uni ; certaine pellicule superficielle ; après quoi, le criblage ou l’aspiration enlèvent sciure et poussière, et on secoue de nouveau les grains nettoyés avec un mélange de talc, de cire, et de matière colorante jaune ou bleue. Le café acquiert ainsi un beau brillant, une jolie couleur ; il se conserve plus longtemps, reste strictement hygiénique tout en supportant mieux la torréfaction. Ce traitement, pratiqué au Havre sur une grande échelle’, ne saurait s’appliquer aux cafés avariés et n’a aucun rapport avec certains tours de main par lesquels les Belges déguisaient naguère d’ignobles cales corrompus, avariés par l’eau de mer, et trouvaient moyen de leur procurer un aspect presque passable, sans qu’ils fussent plus sains pour cela.

En mélangeant en proportions convenables du sulfate de cuivre à de l’acide tartrique et à un fort excès d’alcali, les chimistes obtiennent une superbe liqueur bleu foncé. Si on fait bouillir une prise de cette liqueur et qu’on y projette de l’eau contenant des traces des matières sucrées tirées du raisin, des fruits, du lait, la liqueur se décolore et se trouble. Un précipité rougeâtre d’oxyde cuivreux se dépose, réaction qui a fait donner

  1. Les couleurs minérales inoffensives et autorisées sont peu nombreuses Citons notamment le bleu Guimet, les ocres.