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POÉSIES



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L’AME ÉPANOUIE


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DÉCLIN

 
Quelque chose de moi s’en va, qui fut divin,
Qui fut de la lumière et qui fut de la joie,
Et qu’au printemps, alors que tout vibre et flamboie,
D’un nostalgique accent j’appelle encore en vain.

Quelque chose s’en va, qui fut de l’harmonie,
De la grâce et de la chimère et de l’espoir,
Assombrissant de plus en plus l’horizon noir
Où s’enfonce mon âme aux ténèbres bannie.

Quelque chose de moi chaque jour disparait,
Qui, naguère imprégné d’inoubliables baumes,
M’évoque amèrement la vie et ses fantômes,
Et que je ne vois pas s’éteindre sans regret.

Et pourtant je ne sais quelle image sereine
Persiste en mon destin fait de trop peu d’instans,
Ainsi que, sur la mer, le regard suit longtemps
Le sillage léger d’une molle carène.