libéralement mise à la disposition des amateurs d’art par M. J. Doucet, nous nous permettrons d’y renvoyer souvent le lecteur au cours de cette étude.
La splendide éclosion artistique de l’époque de Kamakura
(1185-1335) n’a pas été spontanée. Elle s’est trouvée préparée et
annoncée longtemps à l’avance par toute une série d’œuvres
caractéristiques qui ont conduit la peinture japonaise des débuts
les plus humbles aux parfaites réalisations finales. C’est cette
lente évolution que nous nous sommes proposé d’analyser ici
dans ses grandes lignes, nous efforçant surtout de montrer de
quelle admirable façon le génie japonais a su s’assimiler, puis
transformer les idées étrangères.
Le Japon a-t-il possédé un art véritablement autochtone antérieur à l’introduction du Bouddhisme au VIe siècle de notre ère ? La question est encore assez controversée et ne peut être actuellement résolue de façon définitive par l’examen des rares vestiges d’objets décorés, — principalement des sarcophages, — datant de cette époque lointaine. Jusqu’à ces derniers temps, on revendiquait comme productions insulaires des statuettes à but funéraire dites de haniwa. Mais de récentes découvertes faites dans les anciennes tombes de la Mandchourie ont prouvé l’existence de figurines chinoises très analogues dès l’époque des Han (206 avant J.-C. à 221 de notre ère). Celles-ci, assez grossières, servent en quelque sorte d’intermédiaires entre les statuettes de même époque, mais beaucoup moins primitives du Honan et du Chantoung et celles de haniwa. L’usage de ces dernières au Japon parait donc être lui-même une importation continentale, et l’un des principaux argumens des partisans de l’art autochtone tombe de ce fait.
En raison de sa situation insulaire à l’extrémité du vieux continent, le Japon s’est trouvé longtemps privé des institutions et des arts dont l’empire voisin bénéficiait depuis plusieurs siècles. L’ethnographie contemporaine nous montre dans ses habitans actuels un type résultant de migrations et d’invasions successives qui se sont effectuées dans les deux sens Ouest-Est (élémens ouralo-altaïques, puis chinois) et Sud-Ouest — Nord-Est (élémens