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REVUE LITTÉRAIRE

M. ANDRÉ BEAUNIER[1]

J’ai connu jadis une École normale charmante et sévère. Sous la direction de maîtres qui étaient de parfaits humanistes, on y vivait dans l’amour du grec et le culte du latin. L’étude de la littérature française y était considérée comme un peu frivole ; encore était-ce la littérature du XVIIe siècle. La bibliothèque, très riche en éditions des auteurs anciens, ne contenait à peu près rien des contemporains ; nous n’aurions pas eu de romans, sans la Revue des Deux Mondes qui faisait passer les siens, sous le couvert de sa respectabilité, en contrebande. Une discipline rigoureuse nous ménageait d’avares sorties. Des salles de conférences nous passions aux salles d’étude auxquelles ressemblaient fort les salles de récréation qui étaient de longs corridors en manière de cloîtres. Notre jardin, moins fleuri que celui du poète, était fermé, lui aussi, par de hauts murs, aux regards curieux. Nous causions beaucoup entre jeunes gens et poursuivions d’interminables controverses, mais sur des questions d’ordre général et volontiers abstraites. Les bruits du dehors n’arrivaient pas jusqu’à nous. Seul un professeur, chargé de nous enseigner la poésie latine, apportait à son cours le journal du jour et nous en Usait des extraits qu’il

  1. Les Dupont-Leterrier (Société libre d’éditions des gens de lettres) : — Notes sur la Russie, Bonshommes de Paris, la Poésie nouvelle ; — les Trois Legrand, Picrate et Siméon, le roi Tobol, les Souvenirs d’un peintre, la Fille de Polichinelle, Trois amies de Chateaubriand (Fasquelle) ; — Visages d’hier et d’aujourd’hui, le Sourire d’Athéna, Contre la réforme de l’orthographe’(Plon) ; — Éloges (Roger et Chernoviz).