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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 11.djvu/571

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Revenons maintenant à quelques petits détails d’étiquette du dîner que l’ambassadeur de Naples a donné à son maitre et souverain. Le prince et la princesse de Castel-Cicala avec leurs deux fils, en allant au dîner, ont précédé la cour comme pour lui indiquer le chemin et cela aux sons des fanfares. Une fois arrivés dans la salle du dîner, la princesse s’est mise derrière la Reine avec une assiette en or à la main comme pour la servir, le prince fit de même ; comme de raison ni le Roi, ni la Reine n’ont accepté. Alors le prince s’est assis à un bout de la table et la princesse à l’autre, se levant de temps en temps pour demander à Leurs Majestés si elles n’avaient pas besoin de leurs services. On a bu aux santés des rois de France, de Naples et d’Espagne, de notre prince impérial et du Duc de Chartres, les deux Ferdinand. Après le dîner, le prince et la princesse de Castel-Cicala et leurs deux fils, le prince de Calvello et le marquis Ruffo ont encore reconduit la cour, chacun une bougie à la main, ainsi que le demande l’étiquette.


1er juin. — Voici quelques détails sur la fête donnée par le Duc d’Orléans. J’ai fait le tour de la galerie avec la Cour, donnant le bras à la princesse de Bauffremont ; je ne fus séparé du Roi que par les princes, par Mme de Bethisy, dame d’atours de Madame et par la duchesse de San Valentino. J’ai donc tout vu, tout entendu. Lorsque le Roi fut arrivé vis-à-vis du jet d’eau, il salua le peuple et il en fut beaucoup applaudi. En ce moment, un coup d’air s’éleva et arracha quelques petits cris de détresse à nos dames qui se voyaient déjà toutes défrisées avant d’avoir dansé. Le Roi, qui est la grâce et la bonté même et qui craignit peut être que ce vent, s’il continuait, n’éteignit les lampions et ne dérangeât la fête, dit en riant au Duc d’Orléans et à nous autres qui étions présens :

— Messieurs, ce vent est bon pour ma flotte d’Alger.

Ce bon mot rendit la première gaîté à la société, on en rit ; la phrase vola de bouche en bouche, le vent en attendant cessa aussi et le calme se rétablit dans l’air et dans l’âme de nos belles dames.

En lisant le Journal des Débats, on le croirait la plus royaliste de toutes les feuilles. Des enfans, dit-il, se jetèrent en signe de joie des chaises à la tête. Le mensonge est trop absurde ! Voilà le fait : Je dansais dans la galerie du Théâtre-Français lorsqu’on