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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 11.djvu/665

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spécialités définies exigeant un apprentissage et une habileté technique toujours rare. On voit de suite l’intérêt social que présente cette question.

C’est en effet l’attrait des salaires plus élevés nominalement qui attire dans les villes et abuse trop souvent les travailleurs ruraux. Le professeur départemental de l’Isère a pris la peine de faire des recherches du plus haut intérêt au sujet du mouvement comparé des rémunérations à l’usine et à la ferme. « La variation des salaires agricoles constitue, dit-il, un fait économique d’une importance évidente, mais la variation parallèle des salaires industriels permet des comparaisons particulièrement instructives :

« 1° Le rapport compare l’accroissement des salaires en agriculture et en industrie. En vingt ans, il dépasse 30 pour 100 en agriculture : journaliers et domestiques.

« En vingt ans, dans l’industrie, il oscille entre 14 et 33 pour 100, soit une moyenne de 20 pour 100.

« 2° La valeur absolue du salaire de l’ouvrier agricole et de l’ouvrier employé en industrie, et d’aptitudes comparables, c’est-à-dire le groupe manœuvres.

« En réalité, la journée moyenne agricole ressort au minimum à 856 : 238 = 3 fr. 56, alors que la journée du manœuvre similaire industriel comptée dix heures, ce qui est actuellement le maximum, est de :

3 francs à l’usine de Jallieu ;

3 fr. 80 et 4 francs, chez les entrepreneurs de Grenoble ;

3 fr. 20 au bordereau de Grenoble ou 4 francs pour certains manœuvres spéciaux.

« On peut remarquer que nous comptons 238 journées seulement de travail agricole, alors que les manœuvres d’usine peuvent avoir 300 journées, mais les manœuvres employés aux travaux extérieurs de constructions subissent, eux aussi, un chômage climatérique presque égal à celui des cultivateurs, sans compter, tout comme les premiers, certains chômages d’ordre économique. Et, dans les grandes usines, les manœuvres ne sont embauchés qu’à 0 fr. 28 et 0 fr, 30 l’heure.

« Il ressort de ces faits que le salaire de l’ouvrier agricole non nourri est presque égal, et parfois même égal, à celui de l’ouvrier d’industrie qui n’appartient pas à une profession spéciale, n’est pas un ouvrier d’état. Dans les usines, beaucoup de