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LES SABLES MOUVANS[1]




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DEUXIEME PARTIE[2]


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IV


— Brigitte, fit Marcelle en ouvrant la porte de la cuisine, habillez-vous pour me conduire chez Mlle Darche.

— Parlez poliment, au moins, bougonna la vieille femme.

— J’ai dit ce qu’il fallait dire, déclara la fillette, impertinente.

Et elle revint mettre son chapeau devant l’armoire à glace de sa mère, où elle resta à se contempler jusqu’au moment où Brigitte vint la chercher. Elle avait maintenant dix ans et demi. Une frange de cheveux blonds cuivrés lui cachait le front, ses yeux verts étaient sérieux comme ceux d’une femme, et elle aurait paru vieillotte sans les deux fossettes enfantines qui se creusaient dans la chair tendre et rose de sa joue, de chaque côté de la bouche. Elle se trouvait jolie. Elle l’était, avec un certain air inquiet et triste. Le jeudi et le dimanche, n’allant pas au cours, elle s’ennuyait. Alors sa mère, qui travaillait à un portrait, l’envoyait soit au magasin des Dodelaud, soit chez Nelly Darche, qui habitait à présent un riche appartement de l’avenue Kléber. L’artiste quoique fort occupée, maintenant que les commandes officielles consacraient son talent bizarre, trouvait toujours du temps pour recevoir et cajoler la petite fille. Elle

  1. Copyright by Colette Yver. 1912.
  2. Voyez la Revue du 1er octobre.