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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 11.djvu/790

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du Reichstag insistant pour que la loi d’expatriation qui frappait encore 22 prêtres fût abrogée ; et de la même boite de Pandore, le 15 décembre 1884, s’échappaient des flots de bulletins par lesquels le Centre et les progressistes refusaient 20 000 marks demandés par Bismarck pour le ministère des Affaires étrangères. La presse bismarckienne, affolée, prétendit que Paris, sur les boulevards, avait acclamé le succès de Windthorst et de Richter. Elle se plaignait que Richter, par haine de Bismarck, aidât Windthorst et Rome à régner.

Où en sont les négociations avec Rome ? interrogeait encore Windthorst le 23 février 1885, et Gossler répondait : « Tous les partis sont pour une révision des lois ; mais il est une considération dont le gouvernement ne peut se désintéresser, surtout dans la ténébreuse situation présente : il s’agit de savoir avec quel parti ou contre quel parti il fera passer un projet de loi. Le gouvernement ne peut se décider pour l’instant à faire un nouveau projet et à introduire une nouvelle agitation dans le pays. » Puis Gossler dénonçait les tendances polonaises de l’évêque de Culm ; et, trois semaines plus tard, le neveu du prélat, qui était membre du Centre, forçait Gossler d’expliquer ses attaques et de les retirer en partie. Windthorst, en avril, revenait à la charge pour que les revenus ecclésiastiques fussent rétablis en Posnanie, et pour que la loi garantit la liberté de la messe, la liberté des sacremens. « Il faut attendre que le Pape fasse de nouvelles concessions, répliquait Gossler, et qu’il nomme d’abord un évêque à Posen. » Ainsi Windthorst continuait-il, avec une patiente ténacité, à s’impatienter périodiquement, devant les représentans du peuple prussien, contre les lenteurs de l’Etat prussien ; certaines condamnations blâmées de tous, et cependant inévitables, comme celle qui frappait un bon prêtre pour avoir fait acte de culte sur la paroisse d’un « curé d’Etat, » mettaient le ministère en odieuse posture ; et Schorlemer, dans la bagarre parlementaire du 22 avril, nommait une fois de plus Bismarck comme l’auteur du Culturkampf, et concluait que c’était au chancelier de défaire l’œuvre du chancelier. « Je me réjouis, disait Léon XIII à des pèlerins, en ce même mois d’avril, de l’attitude des catholiques allemands qui ont trouvé des représentans du plus haut mérite ; ce sont eux qui, par leur persévérance dans les sacrifices, ont été les principaux instrumens de la liberté plus grande accordée à l’Eglise. »