DU COMTE RODOLPHE APPONYI
Paris, 1er septembre. — Me voilà de retour à Paris ; je ne croyais pas revoir aussitôt cette ville autrefois si attrayante pour moi. En y entrant cette fois, elle m’inspira d’autres sentimens. Cette capitale si brillante, il y a quelques semaines, d’un aspect si heureux et si florissant, est maintenant un gouffre, un repaire d’immoralité, de révolte, de scission, de discorde. Comment un tel état de choses pourrait-il inspirer la confiance à qui que ce soit ? Aussi les fonds publics baissent-ils tous les jours. A la barrière de l’Étoile, au lieu de la belle troupe de ligne qui gardait ce poste, un homme en habit bourgeois avec un fusil sans baïonnette, défend la principale entrée de la capitale de la France. De tous côtés, des maisons criblées de balles, des arbres coupés, leurs troncs encore couchés par terre, restes de barricades, s’offraient à mes yeux.
Mais comment pourrai-je jamais trouver des mots assez forts pour exprimer ce que j’ai éprouvé en arrivant à la place Louis XVI, à ce monument expiatoire à demi achevé ? le piédestal