— Mon oncle, s’écria, le lendemain, Rolande, qui pénétrait en coup de vent dans le petit atelier de Gabriel ; mon oncle, nous venons voir Bastien. Est-ce que cela vous dérangerait de nous le présenter ou de nous présenter à lui : je ne sais quels sont les usages ?
— Je n’ai pas fini mes cartouches, mais je m’y remettrai ce soir. Qu’est-ce que je ne ferais pas pour ma chère petite nièce ? répondit Gabriel Baroney. Maxime est là ?
— Oui, il fume, dehors.
— Vous êtes donc venus à pied.
— C’est à n’y pas croire. Père nous a chipé la voiture pour aller voir un entrepreneur…
— Et alors, pris au dépourvu, vous vous êtes dit : si nous allions visiter les bêtes de l’oncle Gabriel…
En chasseur classique, Gabriel Baroney confectionnait lui-même ses cartouches, pesant la poudre, mesurant le plomb. Tout en parlant, il dévissa le sertisseur, compta les cartouches faites et ferma au cadenas la petite table qui servait de « coffres à grains pour les perdreaux d’alentour. »
— Cent cartouches de moins chaque année, ma pauvre Rolande. Le gibier s’en va.
— Il me semble, mon oncle, que vous l’aidez à s’en aller.