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REVUES ÉTRANGÈRES

LE CONTEUR ALLEMAND T -A. HOFFMANN,
D’APRÈS SES LETTRES INTIMES


E. T, A. Hoffmann im persœnlichen und brieflichen Verkehr : I. Hoffmanns Briefwechsel, 4 vol. in-8o, publiés par H. von Müller, Berlin, librairie Pætel, 1912.


« Les derniers produits de notre littérature allemande, — écrivait de Berlin, en 1819, Adelbert de Chamisso à son ami parisien Louis de la Foye, — l’Autobiographie de Goethe et l’Anneau Magique de Fouqué sont des œuvres excellentes, mais aussi peu faites que possible pour des lecteurs français. Quant à notre Hoffmann, celui-là est, certes, encore bien plus allemand que Jean-Paul, plus étranger et inaccessible pour les Français : mais c’est lui qui est aujourd’hui, incontestablement, notre premier humoriste. » L’auteur de ce jugement était, à coup sûr, entre tous les amis berlinois d’Hoffmann, le mieux à même d’apprécier la diversité des deux génies littéraires de la France et de l’Allemagne : car on se rappelle que le baron Adelbert de Chamisso, né dans un château champenois, d’une vieille famille lorraine, ne s’était voué décidément aux lettres allemandes qu’après avoir longtemps demeuré dans ce qu’il appelait sa « première patrie[1]. » Sans compter que son opinion sur le caractère et la portée de l’œuvre d’Hoffmann avait d’autant plus de chances d’être bien fondée que lui-même, Chamisso, avec sa célèbre histoire des mésaventures de Peter Schlemihl, avait précisément ouvert aux conteurs allemands

  1. Voyez, sur Chamisso, la Revue du 15 mai 1908.