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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 12.djvu/408

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survécut. Par la suite, les cas se multiplièrent et, avec eux, les succès ; mais il y eut aussi des insuccès, surtout chez les sujets mordus par des loups. Pasteur imagine alors la méthode intensive, qui consiste à inoculer toute la série des moelles dans un espace de temps beaucoup plus court. Pour le traitement antirabique habituel, on injecte, le plus tôt possible après la morsure de l’animal enragé, une émulsion de moelle de lapin inoculé, desséchée depuis quatorze jours ; puis, on fait des injections successives d’émulsions de moelle de treize, douze, onze jours, etc., en injectant finalement la moelle de trois jours…

Je ne connais pas de plus merveilleux exemple d’une découverte scientifique dont toutes les étapes se succèdent dans un ordre logique admirable ; rien n’étant laissé au hasard ni à l’improvisation : dans ces cas, vraiment, le génie est peut-être une longue patience, mais au service d’une intelligence hors de pair.

Il faut donc que tout le monde comprenne et admette bien la nécessité de recourir au traitement pastorien (dans un Institut organisé pour cela) dans tous les cas où un sujet a été mordu par un animal enragé et le plus tôt possible après la morsure.

Cette règle, très nette et indiscutable aujourd’hui, n’exclut pas d’autres soins consacrés par la clinique ancienne.

Pace a montré, en 1903, que le virus persiste longuement dans le siège de la morsure. Il faut donc essayer de l’y atteindre et l’y détruire avant sa pénétration dans l’organisme : par le nettoyage de la plaie et par la cautérisation au fer rouge.

Quand il est possible d’intervenir au moment même de la morsure, il faut laver la plaie, l’exprimer pour faire sortir le sang et en même temps la bave, pratiquer la succion et, quand le siège de la lésion le permet, appliquer sur le membre un lien constricteur qui arrête le cours du sang veineux et favorise son écoulement au dehors. Puis, dans la première heure qui suit la morsure, il faut cautériser au fer rouge (que Celse préconisait déjà). Les caustiques puissans, beurre d’antimoine, acide sulfurique, sont également efficaces ; mais il faut absolument rejeter tous ceux dont l’action ne s’exerce qu’en surface, tels que le nitrate d’argent, l’ammoniaque, l’acide nitrique, etc., encore trop souvent employés.

Enfin à tous ces moyens il faut ajouter toutes les [mesures publiques de police et de prophylaxie sociales. « L’exemple de l’Allemagne, où de semblables précautions ont amené, sinon la