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L’AVIATION NAVALE

L’objet de cette étude est de rechercher quels services l’aviation navale pourra rendre à la France en temps de guerre.

Par aviation navale nous entendons l’emploi d’une flotte aérienne organisée en vue de concourir à la protection du littoral et aux opérations de la marine militaire en cas de conflit avec une puissance disposant de forces navales. Le terme « aviation » n’exclut pas ici l’utilisation des ballons dirigeables. Si nous l’avons choisi, c’est parce que, actuellement, les aéroplanes semblent devoir jouer le rôle principal parmi les engins aéronautiques dont on pourra se servir en de telles circonstances.

Pour apprécier le degré d’utilité de cet emploi, il faut établir un rapprochement entre les besoins de la défense et les facultés de l’aviation.


I

Mais il convient d’abord d’écarter une objection d’ordre général, souvent reproduite, et qu’on trouve formulée jusque dans certains documens officiels. Elle a donné lieu à de graves malentendus et servi de prétexte à de fâcheuses défaillances. La voici : « Il est évident que dans un conflit européen le sort de la France dépendra du sort de ses armées. Si nous sommes vaincus sur la frontière de l’Est, une victoire navale ne nous servira de rien[1]. » On conclut, — ou on laisse au lecteur le soin de conclure, — qu’une flotte de haut bord nous est presque inutile.

Personne n’a osé conduire ce raisonnement à ses limites.

  1. Rapport sur le budget du ministère de la Marine, pour l’exercice 1912. — Chambre des députés. — M. Painlevé, rapporteur.