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sécurité nationale est en cause. Il faut cependant obtenir le maximum d’efficacité avec un minimum de dépense ; et c’est un problème que la Marine n’a pas toujours su résoudre. Cette fois, ayant à créer un organisme tout neuf, instruite par l’expérience du Département de la Guerre, elle y parviendra aisément si, moins préoccupée des apparences que des réalités, elle apporte l’esprit de méthode dans la conception et l’esprit de suite dans l’exécution.

On peut donner à l’aviation navale une ampleur suffisante et l’organiser en prévision des développemens futurs sans dépenser des sommes énormes. Il est assez facile de fixer les idées à ce sujet. Rappelons d’abord qu’un croiseur éclaireur d’escadre, de 4 500 tonnes, filant 20 à 27 nœuds, vaut 12 millions (au prix de la construction française), et qu’un contre-torpilleur de 750 tonnes, filant 30 nœuds, — par mer belle, — vaut 4 millions.

L’bydroplane, du type le plus perfectionné, donnant 50 nœuds en service courant, pouvant signaler l’ennemi à une distance incomparablement supérieure, conte 40 000 francs. Ce prix ne sera guère dépassé, une compensation devant s’établir entre l’accroissement prévu de vitesse, de solidité et de sécurité, et le rabais résultant de la construction par séries. Mais ce n’est pas avec trois ou quatre douzaines d’appareils qu’on assurera les services des côtes, des flottilles et des escadres, l’instruction dans les écoles, et la suite ininterrompue des exercices de tactique et de manœuvre qui donneront au personnel l’entraînement indispensable.

Un calcul fondé sur de modestes prévisions, quant à la défense côtière, et sur l’effectif actuel, — insuffisant, — de notre flotte de combat, conduit au chiffre de 120 hydroplanes auxiliaires des forces actives. Il faut y ajouter une réserve ; qui ne pourrait être moindre de quarante, en vue de remplacemens définitifs ou temporaires, et un stock d’appareils d’exercice pour l’instruction des aspirans-pilotes dans les camps d’aviation, celle des observateurs pouvant être faite dans les stations du littoral.

La flotte aérienne française appartenant à la marine devrait donc, pendant la période initiale, compter environ 200 unités, d’une valeur en nombre rond de 8 millions. Ce ne sera qu’en partie une dépense de premier établissement, car le remplacement des appareils usés ou détruits, la nécessité d’introduire