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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 12.djvu/485

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LES SABLES MOUVANS

(i)

DERNIERE PARTIE (2)

XIII

Quand, ce matin d’octobre, Seldermeyer de son allure un peu tremblotante de septuagénaire, entra dans l’atelier de femmes, aux Beaux-Arts, instinctivement son regard se dirigea vers la longue silhouette de Marcelle Fontœuvre et vers son étude de figure peinte. Depuis la rentrée, Marcelle l’intéressait. Elle peignait mieux et avec une aisance, une facilité qui aurait pu faire croire à un métier très ancien. Et ce qui semblait curieux au vieil homme, c’était la transformation qu’avait subie la petite fille de l’an passé. Ce matin, parmi toutes ces têtes penchées, si diverses, si disparates, cette fine tète coiffée de blond pâle, atteignait h la perfection de la beauté. Quant au sérieux un peu boudeur de l’adolescente, il était devenu la gravité sereine d’une femme. Seldermeyer examina un instant le modèle, un vieillard à longue barbe grise, maigre comme Saturne, puis se posta debout derrière Marcelle, sans rien dire.

On n’entendait pas un souffle. Les élèves étaient une trentaine, les unes courbées sur le chevalet, les autres, les yeux levés sur le grand corps nu du modèle que la fatigue faisait osciller doucement. Et toutes leurs toiles aux dimensions pareilles répé-

(1) Copyright bij Colette Yver 1912.

(2) Voyez la Revue des 1" et 15 octobre, 1" et l’i novembre.

TOME xii. — 1912. 31