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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 12.djvu/676

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Elle s’étend au loin comme un jardin de pierre
Où chaque stèle aurait pour rose un souvenir :
Son sol a la douceur d’un tapis de prière,
Et ses rares figuiers paraissent me bénir.

Des fantômes que vêt une étoile candide,
Beau lin spirituel qui n’eut jamais de plis,
Marchent devant mes pas, et leur clarté me guide,
Parmi ce labyrinthe aux murs bas et polis.

Le vieil Islam crédule enchante ma pensée,
Chaque tombe promet la vie à mon espoir,
Le cimetière est comme un nouvel Elysée
Où mon rêve se plaît à vaguer jusqu’au soir.

Et, lorsque l’univers dans les ténèbres plonge,
Quand, par delà les monts aux rudes contreforts,
Le soleil des vivans s’est retiré, je songe
Au soleil éternel que regardent les morts.


ALFRED DROIN.