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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Après la phase héroïque vient toujours celle des difficultés : elle s’est ouverte en Orient. La marche des alliés balkaniques a été rapide et brillante ; l’effondrement de la Turquie a paru d’abord irrémédiable : on a pu croire que les questions multiples et compliquées qui se rattachent au problème oriental étaient résolues par un coup de force hardi et heureux : on s’aperçoit maintenant qu’elles ne le sont pas et que les plus délicates ou les plus graves d’entre elles restent posées devant l’Europe qui ne paraît pas disposée à se désintéresser de leur solution. Les pessimistes ont beau jeu. Des bruits d’armemens courent en Autriche et en Russie, sans parler de la Roumanie, et naturellement on s’inquiète ; mais bientôt après, on se rassure ou on essaie de se rassurer, sans y réussir complètement ; la situation demeure incertaine et on ne sait sur quelles bases établir des prévisions nouvelles après avoir vu crouler toutes celles du passé. Il n’y a pas, en ce moment, de rôle plus téméraire ni plus ingrat que celui de prophète : aussi ne nous y essaierons-nous pas et nous contenterons-nous de mettre un peu d’ordre dans les faits actuels. Parmi les faits militaires, il faut dire un mot de la situation des armées en présence. Parmi les faits politiques, le plus important de beaucoup est le conflit austro-serbe, puisque la paix de l’Europe elle-même y semble attachée.

On sait que la Turquie, se sentant à bout de forces, a demandé la médiation de l’Europe entre elle et les alliés balkaniques ; mais l’Europe est une machine lourde et lente à mettre en mouvement, et la Turquie, ne voyant rien venir, a pris le parti de s’adresser directement aux gouvernemens alliés. La guerre a duré quelques jours encore, mais on n’a pas tardé à reconnaître bientôt qu’elle n’avait plus