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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 7.djvu/100

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avec les autres, à condition toutefois que si un jour quelconque, pour quelque motif que ce soit, nous décidons de mettre un terme à cette union, nul ne viendra nous dire non… Nous sommes des communautés indépendantes, se gouvernant elles-mêmes, sans être assujetties par aucune loi, traité ou constitution. Nous sommes libres de suivre notre voie conformément à ce que nous croyons notre intérêt, sans que personne puisse nous en empêcher. Il n’est pas nécessaire pour nous de dire que nous voulons ou non prendre part aux guerres que ferait l’Angleterre… Au cas où nous serions attaqués, nous aurions à décider, ou de nous défendre, ou, si nous jugions la guerre injuste, d’amener l’Union Jack, d’arborer notre propre drapeau et de voguer de nos propres voiles. Mais nous ne comptons pas être attaqués, ni ne songeons à proclamer notre indépendance, parce que nous n’aurions rien à y gagner et pourrions y perdre beaucoup.

— Vous avez parlé à plusieurs reprises, remarque l’interviewer, d’élargir le cadre de la Conférence impériale de manière à y faire entrer les États-Unis d’Amérique.

— C’est vrai, reprend M. Fisher. Je regarde cette conférence dite impériale comme une réunion, en un conseil amical, de six nations indépendantes qui sont d’accord pour considérer la guerre entre elles comme une guerre civile inadmissible et qui n’ont, en conséquence, d’autre intérêt que d’examiner comment arranger au mieux les différends susceptibles de surgir entre elles et comment se prêter une aide mutuelle aussi efficace que possible pour le bien commun. La proposition américaine en vue de la conclusion d’un traité d’arbitrage général montre que les États-Unis se sont joints à la fraternité des nations entre lesquelles toute guerre serait une véritable guerre civile. Toute autre nation acceptant ce traité d’arbitrage général devrait, à mon avis, entrer dans le groupe des pacifiques nations-sœurs qui seraient représentées dans une conférence du genre de celle-ci… Considérant la guerre comme inadmissible entre ses adhérens, cette conférence concentrerait son attention sur les mesures pratiques ayant pour but d’améliorer les communications matérielles, d’établir des principes législatifs communs dans les affaires d’intérêt général, et de promouvoir tout ce qui peut tendre à rendre la vie meilleure aux citoyens des nations associées.


Comme on lui fait observer que le « Bureau des républiques américaines » de Washington, issu des congrès panaméricains, s’efforce d’accomplir une tâche analogue pour toutes les républiques du Nouveau-Monde :


Qu’ils viennent tous parmi nous ! s’écrie M. Fisher. La Ligue de la paix du monde ne doit rejeter aucune recrue qui s’en tient à son principe essentiel. Pas de guerre, mais aide mutuelle pour les œuvres de paix. La fraternité des nations est peu à peu reconnue. Ce qu’il faut, c’est saisir l’occasion offerte par la réunion actuelle des peuples de langue anglaise pour jeter les fondemens de l’état mondial de l’avenir, dont les bases seront la paix et la justice, avec une diplomatie qui cherche à aider, et non à gêner le progrès vers le bien de tous les membres de la fédération.