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tandis que le paysan isolé n’en offrait pas, pour les raisons que nous avons données.

D’ailleurs, la commune n’était pas considérée comme propriétaire perpétuel de la terre, mais seulement comme un intermédiaire temporaire, « jusqu’au versement du rachat. » Jusqu’à ce moment, la commune devait gérer les terres et s’occuper du sort de leurs futurs propriétaires. Au contraire, dès qu’il avait effectué le versement de la somme due pour le rachat de son lot, le paysan devenait propriétaire « à l’état définitif, » avec le droit de séparer son bien de la masse communale, en un lot individuel.

Jusqu’à l’accomplissement du rachat, les relations territoriales de la commune avec ses membres ont été laissées telles qu’elles s’étaient constituées à l’époque du servage. Ainsi, sur 109 millions de déciatines attribuées à la population rurale, 90 millions ont été attribuées aux communes, et 19 millions seulement ont été réparties entre les communes à feux héréditaires. Mais partout, la concession a été faite à des communes entières, et non à des paysans isolés ; même dans les villages à feux héréditaires, où les parcelles de chaque feu étaient réparties de façon définie. Dans les deux premiers cas, on a attribué un nadiel commun à la commune entière. À cette époque, la garantie mutuelle, en usage pour tous les paiemens « sans exception » des villages de la commune, était appliquée également aux feux héréditaires.

Ce mode de répartition des terres, admis afin de faire aboutir plus vite la réforme et d’en assurer le côté financier, est l’origine des opérations agraires qui s’effectuent actuellement. L’attribution à chaque propriétaire des terres qui lui revenaient, dans des limites commodes pour l’exploitation, avait été laissée forcément de côté ; mais cette question demandait de façon urgente une solution, dès l’achèvement de l’opération du rachat.

D’autre part, certaines particularités de la situation agricole en Russie (remontant aux années 1891 et suivantes) rendaient indispensable une nouvelle organisation agraire. Ce sont le plus souvent : la concession d’un nadiel commun à plusieurs villages, d’après un plan unique et par un seul acte légal ; l’attribution de nadiels à de grands villages composés de centaines et même de milliers de feux ; enfin l’enchevêtrement, la