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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 7.djvu/431

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un feu héréditaire, le travail dépensé en amélioration de culture profite de façon durable au propriétaire, ne serait-ce que par l’emploi de matières fertilisantes, le membre d’une commune où les feux ne sont pas héréditaires n’a même pas cette certitude, qui sert de stimulant au labeur du propriétaire.

Dans ces conditions, tout changement du mode de culture devient presque impossible pour des paysans isolés. Il faut un accord complet de membres de la commune, c’est-à-dire un ensemble de circonstances exclusivement favorables, pour l’adoption des moindres améliorations agricoles, qui sont dues le plus souvent à l’initiative ou à l’activité d’un individu isolé.

Si ces qualités vivifiantes étaient vraiment liées à la propriété collective comme elles le sont à la propriété individuelle, il y avait tout lieu pour elles de se manifester avec force sur l’exploitation communale, où le mir gère le nadiel mais c’est précisément là, tout au contraire, que règnent les méthodes archaïques rebelles à tout progrès, telles que l’assolement triennal, avec le pâturage en commun sur les jachères et les chaumes.

La gérance du sol par le mir se borne presque exclusivement au souci de fixer le lot de terre revenant à chaque membre de la commune. Dans ce soin minutieux de répartition, la commune est arrivée à une perfection étonnante, à une précision mathématique ; malheureusement, les conséquences en sont déplorables. Avec l’accroissement de la population, le nombre des unités aptes à posséder augmente, on procède à une nouvelle répartition des terres, et il en résulte un changement complet des conditions d’exploitation pour les feux de la commune. Dans certaines communes, les terres sont réparties entre les feux uniquement d’après le nombre d’hommes majeurs ; dans d’autres, d’après le nombre d’individus mâles ; dans d’autres encore une fraction de part est attribuée à la femme ; dans d’autres enfin, l’homme a droit à une part entière, la femme aux trois quarts, par exemple, et l’enfant à une demi-part, etc. ; dans tous les cas, à chaque mouvement de la population, on ajoute, on déduit des parts, et quelle que soit la base du partage, le déplacement des lots devient presque inévitable.

La terre attribuée comme nadiel à une commune n’est presque jamais de qualité égale dans toutes ses parties, situées les unes à proximité du village, les autres loin de lui. Pour