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LE MIRACLE HELLÉNIQUE

II[1]
DÉMÉTER ET PERSÉPHONE — LE DIONYSOS DES MYSTÈRES ET LA TRAGÉDIE


IV. — LA. GRÈCE QU’ON NE VOIT PAS. DÉMÉTER ET PERSEPHONE

Le génie grec a eu de tous temps et jusqu’à l’apogée de sa civilisation le sens spontané du rapport intime et direct qui existe entre la vie extérieure du monde et la vie intérieure de l’âme. Il ne sépare pas l’âme humaine du Kosmos et les conçoit comme un tout organique. Si le spectacle de l’univers réveille son monde intérieur, celui-ci lui sert à comprendre et à expliquer l’univers. De là le charme incomparable et la profondeur de sa mythologie, dont les fables grandioses enveloppent en se jouant les plus transcendantes vérités.

Malgré ce sentiment d’identité entre la nature et lame, il y a eu, dans les temps les plus reculés, deux religions distinctes en Grèce : celle des Olympiens ou des dieux célestes (Zeus, Junon, Apollon, Diane, Pallas, etc.) et celle des divinités infernales dites chtoniennes (Déméter, Perséphone, Pluton, Hécate, Dionysos). La première est la religion officielle et correspond au monde extérieur et visible ; la seconde est la religion des Mystères et correspond au monde intérieur de l’âme. C’est en quelque sorte la religion du dessous des choses, des réalités

  1. Voyez la Revue du 15 janvier.