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LA
FLOTTE AÉRIENNE FRANÇAISE

Au mois de septembre de l’année dernière, j’ai entretenu les lecteurs de la Revue des Deux Mondes de la crise de l’aéronautique française ; j’en rappelle brièvement les phases.

A la suite des exploits des aviateurs en 1909, notamment de la traversée de la Manche par Blériot au mois de juillet et du succès extraordinaire du premier meeting d’aviation à la Grande Semaine de Champagne au mois d’août de la même année, les manœuvres du Bourbonnais, auxquelles avait figuré avec honneur le dirigeable République, nous confirmaient dans cette opinion que, décidément, la France était en train de conquérir l’empire de l’air. Coup sur coup, des événemens inattendus vinrent jeter le trouble dans nos esprits. Ce fut, d’abord, la mort en aéroplane du capitaine Ferber, l’un des pionniers de l’aviation ; puis, la catastrophe du dirigeable République, perdu corps et biens, à la fin des manœuvres, pendant son voyage de retour à son port d’attache. Enfin, quelques semaines plus tard, nos voisins d’outre-Rhin mobilisaient une escadre aérienne, composée de plusieurs dirigeables, qui exécutait de véritables manœuvres militaires à longue durée. Les initiés savaient qu’il nous eût été impossible, par suite de circonstances diverses, de faire un effort semblable et de le réussir. Il y avait donc une nation capable de réaliser, dans l’atmosphère, des exploits supérieurs aux nôtres ; cette nation était l’Allemagne, et c’était ouvertement avec des intentions militaires qu’elle songeait à utiliser ses aéronefs.