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une progression analogue, il faudrait, au moins, dix à quinze millions, c’est-à-dire un chiffre très supérieur à celui qui est prévu pour 1912.

Or, la progression ne devrait pas se ralentir, elle devrait au contraire s’accélérer. L’aviation n’a pas, en effet, démérité de la confiance qu’on pouvait avoir en elle, puisque ses progrès sont incessans. D’autre part, nous avons vu plus haut que le développement de notre flotte aérienne avait été relativement lent en 1911 : ce n’est pas en augmentant de deux millions le budget de l’année dernière que l’on pourra l’accélérer comme il convient. Sans entrer dans des détails de calculs, contentons-nous de dire que les personnes compétentes s’accordent à peu près à estimer qu’en 1912 il faudrait consacrer à l’aviation un budget de trente à cinquante millions ; nous sommes loin des chiffres prévus. La force des choses s’imposera, et le parlement sera obligé de voter en lin d’année des crédits supplémentaires. Ne vaudrait-il pas mieux se rendre compte, dès maintenant, des nécessités réelles, et voter dès le début de l’exercice la somme nécessaire[1] ?

Nous tenons, en effet, la tête des nations au point de vue de l’aéronautique militaire, mais nous ne conserverons cette situation privilégiée qu’en faisant des efforts constans pour la maintenir ; l’Allemagne et l’Italie, en particulier, nous suivent de près.

Au mois d’octobre dernier, en assistant au Congrès international d’aéronautique de Turin, j’ai pu constater la haute valeur technique des officiers de la « brigade spécialiste, » à laquelle est confiée, en Italie, l’aéronautique militaire. Tout le monde sait qu’ils ont mobilisé rapidement des escadrilles d’aéroplanes pour les envoyer en Tripolitaine ; ces appareils ont joué un rôle utile, d’après des renseignemens personnels qui me sont parvenus de source sûre et que je cite textuellement :

« Les aéroplanes se sont affirmés subsidiaires et remplaçans de la cavalerie, dans le champ tactique, particulièrement dans les terrains terriblement insidieux des oasis où les éclaireurs de toutes les armes sont sujets a des surprises dangereuses, tandis que les aéroplanes en ne s’aventurant sur les ennemis,

  1. Depuis que ces lignes ont été écrites, le nouveau titulaire du portefeuille de la Guerre, M. Millerand, s’est préoccupé de la question, et l’on affirme que le crédit demandé au parlement va atteindre plus de vingt millions. On ne peut qu’applaudir à cette heureuse modification des projets primitifs.