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NIETZSCHE ET LES FEMMES

Nietzsche a très peu parlé des femmes et de l’amour. Il semble avoir très peu fréquenté les unes et très peu pratiqué l’autre. Il y a songé cependant et d’une façon qui, tout au moins, comme toujours chez lui, est originale. Arrêtons-nous un instant à causer avec lui de ce sujet.

Nietzsche considère les femmes, ce qui déjà n’est point penser par lieux communs, comme beaucoup plus remarquables par l’intelligence que par la sensibilité, comme beaucoup moins faites de sensibilité que d’intelligence : « L’intelligence des femmes se montre comme une maîtrise complète : présence d’esprit, utilisation de tous les avantages. Elles la transmettent à leurs enfans comme leur qualité fondamentale... Soit dit pour les gens qui sont capables de se rendre compte : les femmes ont l’entendement : les hommes la sensibilité et la passion. » — Mais, dira-t-on, les effets, les résultats de l’intelligence masculine vont beaucoup plus loin que les effets de l’intelligence féminine ! Nietzsche a prévu l’objection : « les hommes portent en effet leur entendement beaucoup plus loin [lui font faire de plus grandes choses] » c’est qu’ « ils ont des mobiles [ambition, amour-propre, orgueil] plus puissans, plus profonds ; » mais en soi « leur entendement est quelque chose de passif » que des mobiles puissans portent à sortir tout son effet.

— Mais l’homme cherche dans la femme la sensibilité, et la femme cherche dans l’homme l’intelligence. — En admettant que cela soit vrai (et il le serait plutôt que l’homme cherche dans la femme la volupté et que la femme cherche dans l’homme la volonté) Nietzsche répond : « Si dans le choix de leur partner