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dans un tourbillon. Le populaire, ainsi chassé, pourtant ne regimbait pas... — Encore des hôtes pour le Château... Or le Château était tout son profit, force écus de six livres, voire de beaux louis d’or, tombant dans son bas de laine.

Le Château !... Ce n’est plus même une ruine, mais quelque chose de bâtard et de déshonoré.

En vérité, la philanthropie serait-elle vertu moins estimable, si elle daignait ne s’attaquer point aux demeures historiques ? L’ancienne résidence de François Ier, où le Roi-Chevalier avait inscrit, comme à Chambord, à l’entour des salamandres flambantes, sa devise énigmatique : Nutrisco et Extinguo, que Messire Jacques Androuet du Cerceau célèbre élogieusement dans son Estat des plus excellens bastimens de France, a été transformé, par notre démocratie utilitaire, en asile de vieillards et dépôt de mendicité. Rien ne subsiste plus des orgueilleuses décorations prodiguées, sous Henri II, par Philibert Delorme, aux deux corps de logis. Seule, la chapelle mutilée conserve des restes de modillons sculptés, et les bandeaux de la voûte d’entrée s’appuient encore sur une corniche ornée d’entrelacs et de rinceaux... Etiam periere ruinæ.

Soyons équitable cependant, l’œuvre dévastatrice était commencée dès avant la Révolution, et le sieur Oppenort, directeur général des bâtimens de Mgr le duc d’Orléans, doit en porter la responsabilité.

Par lettre patente du mois de janvier 1630, en effet. Louis XIII avait donné en apanage le duché de Valois à Gaston d’Orléans, son frère.

Alors, Villers-Cotterets retrouva les jours de splendeur autrefois vécus à l’époque carolingienne. En septembre 1064, Molière et sa troupe vinrent, au château, donner la seconde représentation des deux premiers actes de Tartuffe. Grand chasseur, le Régent, surtout, s’engoua d’une particulière dilection pour l’ancienne résidence royale, dont les forêts, toutes proches, de Guise et de Retz offraient mille ressources à son amour de la vénerie.

A vrai dire, il n’y courut pas seulement le cerf ou le sanglier. Les murailles de François Ier abritèrent souvent les scandaleuses orgies baptisées Nuits d’Adam par le cardinal Dubois, à cause de la tenue simplifiée des acteurs.

Plus tard, quand Louis XV s’en fut à Reims vers son couronnement,