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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 9.djvu/187

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Cette moyenne des trois cinquièmes placés en hypothèques était dépassée dans beaucoup de cas ; certaines caisses avaient immobilisé de la sorte jusqu’à 93 pour 100 de leur actif : en cas de besoin, il est évident qu’il serait malaisé de faire argent de créances de cette nature ; un portefeuille de rentes serait relativement plus facile à réaliser, bien qu’il ne soit guère possible de songer à le jeter sur le marché à l’heure où des complications politiques obligeraient le gouvernement à emprunter. D’une façon générale, plus les dépôts des caisses d’épargne sont considérables et plus est grande la difficulté de les rembourser à vue. Loin d’augmenter les disponibilités de la nation, ils les restreignent, tout au moins au début d’une période de crise, lorsqu’il s’agit de faire face aux retraits des déposans.

Outre les capitaux que l’Allemagne a directement placés en valeurs étrangères, elle possède au dehors d’autres intérêts. Elle est représentée en maintes régions, particulièrement en Asie, en Amérique, en Australie, par des maisons de commerce et de banque établies dans ces divers continens, qui y travaillent avec du capital et un personnel germaniques et qui forment ainsi une sorte d’extension économique de la mère patrie. Ce n’est pas là un actif qui s’évalue en francs et en centimes, mais ce n’en est pas moins une force appréciable pour le pays, qui, grâce à cette colonisation d’une nature spéciale, rayonne au loin et exerce une influence qui peut se traduire, à un moment donné, par des concours précieux. Les placemens proprement dits de l’Allemagne à l’étranger ont du reste repris une marche ascendante : ils ont été évalués, au Reichstag, à près d’un milliard de marks pour l’année 1909, c’est-à-dire au quart de l’épargne totale annuelle de l’Empire. Le pays a besoin des revenus que lui procurent ces placemens, pour payer les objets d’alimentation qu’il importe tous les ans. Jadis exportateur de céréales, il est aujourd’hui obligé de faire venir du dehors une partie de ce que consomme sa population, qui a augmenté de 60 pour 100 depuis 1870 et qui s’adonne de plus en plus à l’industrie. C’est, dans une certaine mesure, mais à un degré moindre, un phénomène analogue à celui qui s’est produit en Grande-Bretagne.

Avec la France, les États-Unis, l’Angleterre et l’Allemagne, nous avons épuisé la liste des grandes puissances dont la force financière rayonne au dehors. Elle s’y fait sentir inégalement : l’Angleterre et la France ont, sous ce rapport, une supériorité