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4 pour 100 russe consolidé à Paris 4 pour 100 japonais à Londres
Sept. 1904 94 71
Janvier 1905 87 77
Février — 90 84
Mars — 88 87
Mai — 89 83
Juillet — 90 92
Décembre — 80 93


Si l’on représentait les mouvemens ci-dessus par un graphique, on verrait les deux fonds, partis de deux niveaux éloignés l’un de l’autre, suivre d’abord une marche sensiblement parallèle, puis se rapprocher de plus en jusqu’à se rejoindre au printemps de 1905. Aussitôt la paix conclue, le 4 pour 100 japonais s’élève, tandis que le 4 pour 100 russe ne cesse de baisser, si bien qu’à la fin de cette même année, il descend, à un moment, à un prix presque aussi bas que celui de la rente japonaise, au commencement d’une campagne dont l’issue avait été le contraire de ce qu’attendait la grande majorité des rentiers.

En dehors des fluctuations des fonds qui existaient antérieurement, il est intéressant de rappeler comment les belligérans se procurèrent les ressources dont ils avaient besoin pour continuer la campagne. L’historique des emprunts émis par eux durant cette période ne sera pas moins éloquent que le tableau ci-dessus pour montrer comment la victoire modifiait l’étiage des crédits, au fur et à mesure des événemens qui la faisaient de plus en plus pencher en faveur du Japon. En mai 1904, celui-ci émettait, à Londres, au cours de 93 et demi, un emprunt 6 pour 100 au capital nominal de 10 millions de livres sterling (250 millions de francs). Au mois de novembre suivant, il en émettait une nouvelle quantité de 12 millions de livres (300 millions de francs), au cours de 90 et demi. Le 31 mars 1905, il créait 30 millions de livres (750 millions de francs) d’un fonds 4 et demi, garanti par un privilège de premier rang sur les revenus nets annuels du monopole des tabacs : le gouvernement japonais contrôle la culture et la production de la feuille, et a seul le droit d’acheter, de vendre, d’importer et de fabriquer le tabac. Cet emprunt était émis à 90 pour 100, c’est-à-dire presque exactement le même prix que celui auquel se plaçait, l’année précédente, du 6 pour 100. Il est vrai qu’à la sûreté de l’emprunt 4 et demi était affecté un gage important. Le 13 juillet de la