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en lui remettant des espèces pour ce montant. L’encaisse qui, d’après le bilan au 31 décembre 1911, s’élevait à i milliards, serait ainsi réduite à 3, tandis que la circulation qui, à la même date, était de 5 268 millions, se gonflerait vraisemblablement, sinon jusqu’à la limite légale de 6 800 millions, mais tout au moins jusqu’à 6 milliards. Car les besoins d’instrumens de paiement seraient grands de tous côtés, et la majeure partie des 550 millions de comptes courans créditeurs viendraient demander des billets et motiver une augmentation de la circulation, sans compter celle qui résulterait de demandes plus pressantes d’escompte et d’avances. La couverture métallique de la circulation, qui était de 76 pour 100 au 31 décembre 1911, tomberait donc rapidement à 50 pour 100, puisque, contre 6 milliards de billets, il n’y aurait plus que 3 milliards de numéraire ; et encore convient-il de rappeler qu’une partie de ces 3 milliards consiste en pièces de 5 francs en argent, dont la valeur intrinsèque ne représente pas tout à fait la moitié de la valeur légale. Il va de soi qu’une élévation des taux de l’escompte et des avances sur titres devrait être décrétée à bref délai pour modérer les appels adressés à la Banque et ménager son pouvoir d’émission. La première avance au Trésor d’un milliard serait sans doute suivie, à bref délai, d’une autre qui amènerait la Banque à égaler et probablement à dépasser le total, atteint en 1870-71, de 1 500 millions. Les effectifs des troupes mobilisées seraient en effet très supérieurs à ceux d’il y a un demi-siècle. Il est aisé dès lors de se représenter ce que serait le bilan de notre grand établissement de crédit, dont tous les ressorts seraient tendus à l’extrême. Certes, sa situation est plus forte encore qu’il y a quarante-deux ans ; son encaisse est tri))le de ce qu’elle était en 1870 ; mais sa circulation est quintuple du chiffre auquel elle s’élevait lorsque la guerre fut déclarée, et la proportion de ses engagemens à ses ressources n’est donc pas plus favorable aujourd’hui qu’elle ne l’était à la fin du second Empire. Comme d’autre part les effectifs des armées mises sur pied seraient bien plus forts, les dépenses croîtraient en proportion, et il faudrait se préparer à réunir des ressources très supérieures. Dès lors, il y aurait lieu d’envisager d’autres moyens d’alimenter les caisses publiques, et il faudrait songer à l’emprunt sous forme d’émission de rentes.

C’est ici qu’apparait la transformation profonde que l’organisation