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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 9.djvu/282

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comme nous avions résisté à la convocation, mais sans plus de succès. La date fut reportée du 11 au 9 août.

Le général Dejean nous soumit les mesures que nous avions réclamées dans la nuit : l’incorporation de la garde mobile dans l’armée et l’incorporation dans cette garde mobile de tous les citoyens âgés de moins de trente ans qui n’en faisaient point partie ; l’introduction également dans l’armée des 12 000 hommes d’infanterie de marine et de l’excellente division Dumont d’abord destinée à l’expédition de la Baltique, et à laquelle, ne voulant point paraître renoncer, nous ne consacrerions que des régimens de marche. Les troupes de gendarmerie et de douane seraient également versées dans l’armée et l’on hâterait le plus possible la formation des quatrièmes bataillons de nos cent régimens d’infanterie, à raison de neuf cents hommes. On rappellerait la classe de 1869. La garde nationale, commandée par un de nos meilleurs divisionnaires, le général d’Autemarre, n’existait pas dans tous les arrondissemens, et elle était répartie entre cinquante et un bataillons formant un effectif de 60 000 hommes : elle serait grossie par l’appel de tous les citoyens de trente à quarante ans.

Nous ne savions pas encore quel était au juste l’état de l’Empereur et nous n’en étions qu’aux interrogations. Mais nous ne doutions pas de la convenance de rappeler le Prince impérial. Chevandier avait, en son nom personnel, écrit une longue dépêche chiffrée à Metz donnant toutes les raisons de ce rappel : le Conseil ratifia son initiative. Malgré la résistance désespérée de l’Impératrice, je fus chargé de télégraphier à l’Empereur : « A l’unanimité le Conseil des Ministres et le Conseil privé croient qu’il serait bon que le Prince impérial revînt à Paris. » L’Impératrice ajouta, en marge : « Je n’ai pas cru devoir m’y opposer. » Elle aurait dû dire : mon opposition a été sans succès. D’ailleurs, elle télégraphia de son côté en chiffre : « Pour des raisons que je ne puis pas expliquer dans une dépêche, je désire que Louis reste à l’armée, et que l’Empereur promette son retour sans le faire effectuer. » (7 août.)

Nous pourvûmes aux périls intérieurs, qui allaient aggraver les difficultés militaires, en conférant au gouverneur de Paris, le maréchal Baraguey d’Hilliers, les pouvoirs de l’état de siège et nous lui prescrivîmes de mettre un terme aux manifestations tumultueuses, répétitions générales de l’insurrection, qui, chaque soir, inquiétaient les bons citoyens : agitation factice qui produirait