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LA GUERRE DE 1870

IV[1]
PROJET D’UN COUP DE JUSTICE
ET DE SALUT PUBLIC


I

« En toutes façons, une bataille perdue a toujours grande queue et mauvaise pour ceux qui la perdent. Pour un petit nombre de gens que l’on y perd se muent et changent les courages des gens que l’on n’y perd pas, plus qu’il n’est à croire, tant en épouvantement de leurs ennemis qu’en mépris de leurs maîtres et de leurs privés serviteurs, et entrent en murmures et machinations[2]. »

Les séditieux et les intrigans entrèrent, en effet, aussitôt en murmures et en machinations. 3Iais il faut se garder des exagérations voulues du monde parlementaire, politicien, révolutionnaire, et ne pas s’imaginer qu’en se réveillant, le 7 août, la population s’alluma de fureur et devint comme une fournaise volcanique de laquelle sortaient des laves furibondes d’imprécations et de menaces contre l’Empire, contre l’Empereur, contre ses ministres, contre la paix publique.

Le sentiment véritable de la population très patriote de Paris était la stupeur, l’anéantissement accablé qui succède à une grande espérance trompée. On ne pouvait se résigner à croire

  1. Voyez la Revue du 15 avril et des 1er et des 15 mai.
  2. Commynes.