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avoir, l’intérêt de la chose publique et les appétits particuliers, voilà les données du problème. Et la solution doit être telle qu’on obtienne à la fois une bonne progression de l’avancement, le rajeunissement des subalternes, l’offre faite aux nouveaux venus de conditions de carrière qui soient tout ensemble la sauvegarde de leur état moral et la garantie de leur recrutement.

Pour y parvenir, il faut renoncer à combler automatiquement les vacances, dès qu’elles se produisent, mais pratiquer les remplacemens dans un esprit tel que l’officier moyen parcoure un chemin moyen, et que quiconque est sorti d’une école et n’a pas démérité arrive, en fin de cours, aux galons d’officier supérieur. Cette juste régulation est, à proprement parler, l’objet de la loi sur l’avancement que l’armée réclame ; mais, à défaut de ce moyen meilleur, certains adjuvans provisoires peuvent tendre aussi vers le même but.

Dans cet ordre d’idées, on a fait remarquer que le cadre complémentaire pouvait être utilisé comme un volant ou un compensateur. La détermination des grades y est moins formelle que dans le cadre proprement dit : on peut donc, dans une certaine mesure, substituer à des chefs de bataillon des capitaines faisant fonctions, ou bien, à des capitaines, des lieutenans. Le grade le plus élevé, si l’on voulait y laisser subsister un incomplet, serait suppléé momentanément par le grade au-dessous, et l’on pourrait ainsi, sans nuire au service, faire intervenir dans le jeu de l’avancement ce que les artilleurs appellent un mécanisme porte-retard.

Une autorité très haute peut seule appliquer un pareil système. Les généraux directeurs d’armes, eux-mêmes, n’ont pas tous les moyens d’action ni d’appréciation nécessaires à la justesse de l’avancement qu’ils dispensent. Des directives communes doivent leur être tracées, et ils ne peuvent s’en tracer de particulières sans provoquer, dans quelque partie de l’armée, du malaise et du mécontentement. C’est ainsi que la loi des cadres de l’artillerie de 1909 a non seulement retardé et rétréci celle de l’infanterie ; mais éveillé aussi des jalousies longues à s’éteindre et motivé toute l’envieuse campagne des péréquations.

Enfin, une influence régulatrice exercée de haut est encore nécessaire par la raison que le cadre une fois fixé législativement n’est pas cependant définitif : la guerre peut l’ébrécher ou le casser. On prévoit, par exemple, des mises hors cadres pour