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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 9.djvu/700

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assez mal par les individus et, par la collectivité, de façon magnifique.

Au Trocadéro toujours, le premier concert Weingartner avait commencé par l’exécution du psaume désormais fameux et funèbre : « Plus près, toujours plus près de toi, Seigneur. » Ainsi, — tel fut du moins l’avis de plusieurs, qui ne mêlent pas volontiers les choses de la mort et celles du monde, — l’héroïque trépas d’un millier de chrétiens servit de répétition générale, et de réclame, à l’un des festivals de la « grande saison. » Honorons la musique d’un plus discret hommage. Honorons-la pourtant et remercions-la, nous tous, musiciens que nous sommes. Dans un effroyable désastre, elle fut la conseillère, m l’auxiliaire sublime du courage et de la foi. Lorsque Dante s’éleva de l’Enfer au Purgatoire, il le trouva retentissant non plus de plaintes féroces, mais de chants :


Quivi per canti
S’entra, e laggiu per lamenti feroci.


Eux aussi, les appelés de la nuit terrible, ils ont répondu, et sans doute ils sont entrés là-haut en chantant. Seule de tous les arts, la musique est capable d’un tel bienfait, d’un tel miracle. « Maintenant et à l’heure de notre mort. » C’est ainsi que nous pouvons l’invoquer ; c’est ainsi qu’elle peut nous secourir.


CAMILLE BELLAIGUE.