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sa partie septentrionale du moins, quasi sans combat ; lu 12 mai, le bey signait la convention appelée tantôt traité du Bardo, tantôt traité de Kasr-Said, ensemble de clauses assez vagues qui plaçaient le pays sous la direction de la France : notre gouvernement ayant retiré trop tôt une partie des troupes, la ville de Sfax s’insurgea le 28 juin ; plus au Nord, les employés de la petite gare de l’Oued Zergua furent massacrés ; on se résolut à envoyer des renforts, à occuper tout le pays, sans résistance sérieuse, d’ailleurs, sauf à Sfax ; au mois de juillet, on était maître de toute la Régence. L’informe traité du Bardo était précisé par une convention du 6 juin 1883, puis par un décret du 4 octobre 1884 : la simple direction politique et domination militaire de la France en Tunisie évoluait rapidement en un complet protectorat. Les traités spéciaux, constituant une situation privilégiée à certaines puissances européennes, venaient à expiration ou étaient dénoncés et remplacés par des conventions sanctionnant la suprématie de la France et les immunités pour les produits français en Tunisie ; tel fut le cas de la convention de 1896-97 avec l’Italie et de l’arrangement du 18 octobre 1897 avec la Grande-Bretagne[1]. Sauf quelques réserves, d’importance secondaire, au sujet des écoles et des droits de pêche, en ce qui concerne l’Italie, la France, qui maintient loyalement et politiquement la souveraineté du bey, est aussi maîtresse en Tunisie qu’en Algérie.

La prise de possession de la Régence de l’Est ajouta 130 000 kilomètres carrés et environ 1 700 000 habitans aux 600 000 kilomètres carrés de l’Algérie, et aux 4 millions 1/4 d’habitans indigènes que cette première des possessions françaises nord-africaines contient à l’heure présente (1912).

Les événemens qui se déroulent depuis l’ouverture du XXe siècle et qui ont trouvé leur formule dans la convention de novembre 1911 entre la France et l’Allemagne ont conféré à notre pays la direction politique et administrative du Maroc,

  1. Au 31 décembre de l’année présente (1912) doit disparaître, aux termes de cette convention d’octobre 1897, le dernier vestige de la situation autrefois privilégiée dont jouissait la Grande-Bretagne ; il était, en effet, stipulé dans la convention anglo-française de 1897, conclue pour 40 années sur la seule base de la clause du « traitement de la nation la plus favorisée, « en dehors de la France, que les cotonnades de la Grande-Bretagne et des colonies britanniques ne pourraient être frappées, jusqu’au 1er janvier 1913, d’un droit de plus de 5 p. 100 de leur valeur au port de débarquement.