du XXe siècle, est tombé à rien ou quasi rien. On ne pourrait, d’ailleurs, pas trouver dans le monde entier une colonie mixte, c’est-à-dire ayant une forte population indigène, tout en jouissant d’un climat tempéré où les Européens peuvent non seulement vivre, mais travailler au dehors, qui eût gagné un million d’habitans européens en moins d’un siècle. L’Afrique du Sud britannique, région coloniale d’environ 1 200 000 kilomètres carrés, pays de Golconde, sur laquelle ses mines de diamant et d’or attirent l’attention de l’univers entier, toute colonisée qu’elle soit depuis trois siècles, ne compte que 1 278 000 habitans d’origine européenne, moitié plus environ que le nombre des Européens en Algérie et en Tunisie, possessions toutes jeunes.
Réjouissons-nous d’avoir 840 000 habitans civils européens implantés dans ces contrées encore adolescentes. On peut espérer que ce nombre augmentera graduellement, non pas toutefois abondamment ni très rapidement. Quand on célébrera, dans dix-huit années, le centenaire de la prise de possession d’Alger par la France, tout porte à croire qu’il se trouvera alors en Algérie et en Tunisie une population d’un peu plus de 1 million d’Européens et, si l’on y joignait le Maroc, d’environ 1 200 000. Cet effectif déjà notable ne cessera, sans doute, pas alors de se développer encore dans une certaine mesure. Mais il ne faudrait pas compter qu’il triplât ou quadruplât : la nature des choses ne s’y prête ni de l’un, ni de l’autre côté de la Méditerranée : la France ne peut plus essaimer ; nos deux sœurs latines, l’Italie et l’Espagne, outre qu’elles vont avoir chacune leur domaine transméditerranéen propre, voient leurs émigrans surtout sollicités par les deux Amériques aux perspectives plus vastes et plus entraînantes. Si, vers la fin du XXe siècle, on pouvait compter dans toute l’ancienne Berbérie (Algérie, Tunisie, Maroc) 2 millions à 2 millions et demi d’habitans d’origine européenne, ce serait le plus beau succès qu’un esprit bien informé et réfléchi pourrait espérer. Si ce nombre tendait à être un moment dépassé, l’accroissement en serait bientôt contenu par la saturation qui ne tarderait pas à se produire de l’élément européen en cette terre à population indigène rapidement croissante et susceptible d’essor économique. Cette saturation de l’élément européen, il faut l’entrevoir, non pas pour un jour tout prochain, mais dans un délai d’un demi-siècle et tout au plus