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diverses régions du Maroc[1]. Nous avons sous les yeux celles sur les régions de Tanger, de Larache, de Casablanca, de Fez, de Marakkeh, de Sali, de Mogador et d’Agadyr, de Tétouan, de Mazagan et d’Oudjda. Parmi ces dix monographies, celle relative à Casablanca, émanant du Consulat de France de cette ville, est naturellement la plus étendue. On y lit que la superficie totale de la province (la Chaouïa), d’après les statistiques du recensement opéré par le Service des renseignemens du corps d’occupation, est de 1 031 000 hectares, dont 367 410 en culture, et que la population indigène comprend 197 838 habitans. Etant donné que la surface de cette riche province est de 103 000 kilomètres carrés, la densité de la population n’est que de 19 habitans en nombre rond au kilomètre carré. Admettons qu’il en fût ainsi, et cela est excessif, pour les 180 000 kilomètres carrés de bon sol que possède le Maroc, cela représenterait 3 420 000 habitans ; en y joignant pour les 320 000 kilomètres carrés de hautes montagnes et de terrains désertiques 1 million d’habitans, ou tout au plus 1 200 000 on ne dépasserait guère 4 millions et demi d’âmes ; voilà la vérité, bien différente de la légende. Félicitons-nous grandement que cette population soit aussi réduite.

Il faut occuper, en effet, le Maroc, et même avec 4 millions et demi ou 5 millions d’habitans en face de nous, même encore en en déduisant le dixième pour la zone espagnole, la tâche ne sera pas médiocre. D’après un calcul fait par un des hommes qui connaissent le mieux le pays, le docteur F. Weisgerber, au mois de février 1912, la France occupait tant dans le Maroc atlantique que sur les confins algériens 60 000 kilomètres carrés environ (28 000 kilomètres carrés dans le Maroc atlantique et 32 000 sur les confins algériens), soit ensemble un peu moins du huitième du Maroc ; cette surface occupée ne s’est pas accrue depuis lors. L’étendue de la zone espagnole du Nord, suivant les limites qui lui seront fixées, est de 25 000 à 30 000 kilomètres carrés ; il reste environ 40 000 kilomètres carrés de régions makhzen non occupées par nos troupes, mais obéissant au Sultan et qui paraissaient, en février dernier, ne pas devoir opposer trop d’obstacles à notre prise de possession. Tout le reste, soit plus de 360 000 kilomètres carrés, représente les régions siba

  1. A l’Office du Commerce extérieur, 3, rue Feydeau, Paris.