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M. André Berthelot, qui a constitué un comité pour un « Transafricain, ligne d’un chemin de fer d’Alger au Cap. » Il est incontestable que les chemins de fer transsahariens sont appelés à avoir des prolongemens, d’un côté, jusqu’au golfe de Guinée, de l’autre, à travers les deux Congos jusqu’à l’Afrique australe. Ils bénéficieront des transports postaux, des messageries à destination de quasi toute l’Afrique et aussi d’un certain trafic de voyageurs à destination ou en provenance des diverses colonies européennes. Ge ne peut être là, toutefois, qu’un appoint. Nous-même avions baptisé du nom de Grand Central Africain le Transsaharien dans la direction du lac Tchad.

On doit applaudir à l’appel de M. Berthelot : il y a, cependant, des corrections nécessaires à faire à son plan. Il ne peut être pratique de desservir le lac Tchad et les contrées situées au-dessous par un chemin de fer partant de l’extrémité occidentale du Sud-Oranais. On ne peut traverser en biais tout le Sahara en faisant une déviation de 16 à 17 degrés de longitude. Si l’on veut avoir un transsaharien à un seul tronc et deux branches, l’une vers le Niger et l’autre vers le Tchad, c’est à Alger même, presque sur le méridien de Paris et droit en face de Marseille, qu’il faudrait l’attacher. Mais l’œuvre absolument urgente, aujourd’hui, pour la sécurité même de nos possessions méditerranéennes, c’est de construire sans délai et par la ligne la plus droite possible le transsaharien dans la direction du Niger, vers le pays noir qui nous fournit d’excellentes troupes, devenues indispensables.


VI

Nous terminons ici cette revue rapide de notre établissement dans l’Afrique du Nord. Il a été long et laborieux ; il est, d’ailleurs, inachevé ; la tâche, politiquement et économiquement déjà avancée en Algérie et en Tunisie, n’est même pas ébauchée au Maroc. Dans nos deux relativement anciennes possessions, quoique bien jeunes, de nouveaux problèmes se sont posés ; nous les signalions, quant à nous, à l’attention il y a déjà un quart de siècle. Notre politique et notre administration, sans rien sacrifier des droits et des intérêts légitimes des colons, doivent incliner davantage du côté des indigènes. Il ne s’agit pas